Création d'un site web, guide de survie pour savoir quand il faut fuir un prestataire !
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Il y a des titres journalistiques qui font lever un sourcil. Et puis il y a ceux qui vous en arrachent un. Le Parisien, ce 19 novembre 2025, a donc décidé que le nouveau fléau des services de police, ce n’était ni la corruption, ni les réseaux mafieux internationaux… mais GrapheneOS. 1
Oui oui, ce système d’exploitation libre, conçu pour protéger la vie privée, serait, je cite :
La botte secrète des narcotrafiquants.
Rien que ça.
Car tout part d’un téléphone. Un seul. Un Google Pixel tournant sous GrapheneOS, retrouvé dans une enquête judiciaire. Et hop, par un tour de passe-passe éditorial : si un criminel utilise un outil de sécurité, alors cet outil est criminogène.
Évidemment !
C’est un peu comme dire que porter un manteau noir fait de vous un braqueur, ou que chiffrer vos mails vous classe au rang de cyberterroriste du dimanche.
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Alors oui, je commence fort. Je suis légèrement tendu. Et j’ai mes raisons. Car l’article du Parisien n’est pas totalement à charge : dans le corps du texte, le journaliste nuance, contextualise, explique même certaines forces du système. Mais soyons honnêtes deux minutes : 99 % des lecteurs ne dépasseront pas le titre et le chapeau. Or, c’est précisément là que les coups partent. Et ils partent à balles réelles contre un outil qui mérite exactement l’inverse.
GrapheneOS n’est pas une “botte secrète”. Ce n’est pas une énigme technologique réservée aux mafias. C’est un projet libre, transparent, documenté, audité, utilisé par des journalistes, des défenseurs des droits humains, des citoyens ordinaires… et par quiconque refuse que son téléphone soit un micro ouvert 24h/24.
Alors quand on choisit de l’associer, dès le titre, à du narcotrafic, on ne fait pas de l’information. On participe à un récit toxique : celui qui consiste à dire que protéger sa vie privée est suspect.
Et c’est précisément ce récit que cet article veut démonter, point par point. Parce qu’il ne s’agit pas seulement de GrapheneOS. Il s’agit de la façon dont on parle de la vie privée, de la sécurité, de l’anonymat,… à l’heure où ces questions n’ont jamais été aussi cruciales.
Il faut dire les choses clairement : GrapheneOS n’a jamais cherché à se cacher. Le projet annonce dès la première ligne de sa documentation son objectif :
Renforcer la sécurité des données personnelles contenues dans les téléphones mobiles.
Une ambition terrifiante, n’est-ce pas ? Protéger les données personnelles ! Quel affront ! À ce rythme-là, les utilisateurs vont bientôt croire que leur vie privée leur appartient. On imagine sans mal un Mark Zuckerberg nerveux, suant sur son fauteuil en simili-cuir : « Comment ça, des gens auraient le culot de vouloir une vie privée ?! »
Car c’est bien là le cœur du problème : dans un monde où l’économie numérique repose sur la collecte massive et permanente de nos données, un outil qui empêche cette collecte dérange. Et pas qu’un peu !
Alors quand Le Parisien relaie, sans trop de recul, les propos d’un policier affirmant que GrapheneOS serait “l’arme secrète des criminels”, le message envoyé au grand public devient limpide : si vous cherchez à sécuriser votre téléphone, c’est que vous avez quelque chose à cacher.
Comme si la simple envie de protéger sa vie privée transformait instantanément n’importe quel citoyen en baron de la drogue. Une équation simpliste, mais diablement efficace… surtout pour ceux qui ne lisent que les titres.
Plutôt que d’encourager le public à se protéger : contre les cybercriminels, contre les fuites massives, contre les entreprises trop curieuses et parfois contre certains États excessivement intrusifs. On préfère associer la notion même de vie privée à la criminalité. Une vieille ficelle rhétorique, toujours efficace, parce qu’elle joue sur la peur : protéger = suspect.
Heureusement, la fondation derrière GrapheneOS a eu l’occasion de s’exprimer et de rappeler un message que beaucoup semblent avoir oublié sur le chemin du progrès numérique :
Nous considérons la vie privée comme un droit humain et nous sommes préoccupés par des projets comme Chat Control que le gouvernement français soutient.
Et là, tout est dit :
Alors oui, cette citation de la fondation fait parfaitement office de transition, parce qu’elle met le doigt exactement là où ça fait mal : le débat sur la vie privée n’est jamais séparé du débat sur la liberté d’expression. Attaquer l’un revient fatalement à fragiliser l’autre.
Et ça, curieusement, on ne le lit pas dans l’article du Parisien. Peut-être que ça faisait trop long. Ou trop dérangeant…
Si l’article du Parisien m’a fait bondir, c’est parce qu’il arrive au moment où l’Europe s’apprête à franchir un nouveau pas inquiétant dans la surveillance numérique. Derrière des noms anodins : Chat Control, DSA (Digital Services Act) se cachent des projets qui pourraient transformer la vie privée en un luxe réservé aux inconscients.
Chat Control, présenté comme un outil pour “lutter contre la pédocriminalité”, n’a en réalité rien de protecteur. Ce projet de loi européen vise à analyser automatiquement toutes les communications privées, depuis les messages jusqu’aux images, sous prétexte de sécurité. Un contrôle généralisé de nos échanges numériques, qui transforme chaque citoyen en sujet potentiel de surveillance constante. 2
Et puis il y a le DSA, qui pourrait imposer une vérification d’identité pour accéder aux plateformes numériques. Encore une fois, le prétexte est séduisant : protéger les mineurs.
Mais soyons sérieux : qui croit que seuls les mineurs seront concernés ?
Dès que la machine sera lancée, tous les utilisateurs (majeurs ou pas) devront passer sous le contrôle de l’État ou des plateformes. Autrement dit, la liberté d’expression, le droit à l’anonymat et la protection des données personnelles deviennent des cibles.
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Oui, l’enfer est pavé de bonnes intentions, mais l’actualité nous rappelle que protéger sa vie privée n’est plus seulement un choix technique : c’est un acte politique et citoyen. Et dans ce contexte, GrapheneOS apparaît comme une bouée de sauvetage numérique.
Alors, face à ces initiatives européennes de contrôle numérique, il ne s’agit plus seulement de savoir si vous utilisez GrapheneOS : il s’agit de comprendre pourquoi protéger ses données personnelles est désormais un enjeu fondamental de liberté.
Dans ce grand mouvement vers la transparence forcée, une victime se fait déjà entendre. Ou plutôt, elle commence justement à se taire : la liberté d’expression.
Parce que l’expression sous pseudonyme n’est pas un gadget ou une lubie d’internautes capricieux. C’est une tradition démocratique parmi les plus anciennes. Des philosophes des Lumières aux écrivains engagés, des résistants aux journalistes d’investigation, le pseudonyme a permis de révéler, de dénoncer, de questionner, sans risquer sa peau. Aujourd’hui encore, les journalistes du Canard enchaîné publient sous des noms fictifs, et personne ne leur demande un selfie avec leur carte d’identité avant de sortir une enquête un peu gênante.
Mais pour le citoyen lambda ? Ah non, là, soudain, l’anonymat devient suspect. Il faudrait pouvoir le tracer, l’identifier, lui demander sa date de naissance avant de poster un commentaire, analyser son historique, “le responsabiliser”. Traduction : le surveiller.
Pourtant, l’anonymat n’est pas un caprice : c’est une soupape démocratique vitale.
C’est ce qui permet :
Supprime l’anonymat, et tu obtiens un peuple silencieux. Pas parce qu’il n’a rien à dire. Mais parce qu’il n’ose plus le dire. C’est ça, l’autocensure : la censure la plus efficace, la moins visible, la préférée de tous les régimes qui préfèrent l’ordre à la contestation.
Et le plus ironique ?
Ce sont précisément les outils conçus pour protéger cette liberté, comme GrapheneOS qui se retrouvent attaqués, diabolisés, soupçonnés. Parce qu’ils permettent de ne pas être espionné. Parce qu’ils permettent de ne pas être tracé. Parce qu’ils rappellent que la vie privée existe encore et que tout le monde n’est pas prêt à l’abandonner.
Et pourtant, si un système d’exploitation devrait être applaudi plutôt que pointé du doigt, c’est bien GrapheneOS. Pourquoi ? Parce que ce projet met le paquet sur la sécurité, et pas pour rire :
Dans un monde où des journalistes sont espionnés avec Pegasus (NSO Group), où certains sont arrêtés, traqués, parfois assassinés par des gouvernements, des cartels, des lobbies ou même des entreprises privées, un smartphone sécurisé n’est pas un luxe : c’est une nécessité vitale.
Et même si vous n’êtes pas journaliste, même si vous ne vivez pas dans un pays autoritaire, même si vous pensez “n’avoir rien à cacher”… la réalité est simple : GrapheneOS est l’une des seules solutions vraiment sûres pour utiliser un téléphone sans en faire un appareil de surveillance ambulant.
Bref : ce n’est pas GrapheneOS qui est inquiétant. Ce qui l’est, c’est un monde où vouloir se protéger devient un acte suspect.
Parce que soyons sérieux deux minutes : vous confieriez vos clés de maison à quelqu’un qui perd son trousseau tous les trois mois ? Non ?
Alors pourquoi le faire avec vos données personnelles, votre vie privée, vos informations de santé, vos finances, vos déplacements, vos habitudes de consommation ? URSSAF, hôpitaux, mutuelles, assurances, collectivités… La liste est interminable et chaque mois apporte sa petite livraison de catastrophes :
Et malgré ce palmarès impressionnant, on continue tranquillement de nous demander toujours plus d’informations, toujours plus sensibles, toujours plus centralisées. Toujours dans la même grande boîte, qu’on vous vend sous le slogan “simplifier la vie”. 3
Mais la vérité, c’est simple : la centralisation multiplie les risques. Plus vos données sont concentrées au même endroit, plus elles deviennent une cible juteuse. Plus elles sont exposées, plus votre vie privée devient un mirage.
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Et au milieu de tout ça, il y a un autre scandale silencieux. En 2025, alors que les institutions adorent répéter les mots “souveraineté numérique” et “cloud souverain” à longueur de conférences, les services publics eux-mêmes vous obligent à vous faire sniffer par les géants américains.
Un exemple emblématique ? L’identité numérique. Ce service censé protéger votre identité numérique… n’est accessible qu’en passant par le Google Play Store. Oui, vous avez bien lu : pour prouver qui vous êtes à l’État français, vous devez obligatoirement passer par Google. Comment ça se fait que l’identité numérique d’un pays entier dépende d’un store américain qui collecte absolument tout ce qu’il peut ? Comment accepter que la porte d’entrée de votre vie administrative soit un guichet appartenant à une multinationale étrangère ?
Et après ça, on ose suspecter les utilisateurs de GrapheneOS sous prétexte qu’ils veulent se protéger, ne pas passer par Google et ne pas exposer leurs données inutiles ? L’ironie est totale.
En résumé : on nous demande de confier notre intimité à des plateformes faillibles, puis on s’étonne des fuites massives. Et ceux qui osent se protéger avec GrapheneOS ? On les accuse… de vouloir cacher des informations.
George Orwell avait tout décrit en 1949. Ce qu’il n’avait pas prévu, c’est qu’on achèterait volontairement notre propre mouchard pour 899 €, qu’on le porterait partout, et qu’on applaudirait la soi-disant “simplification” qu’il apporte à notre quotidien.
Les smartphones sont devenus les meilleurs espions jamais inventés : déplacements, paiements, conversations, réseaux sociaux, contacts, habitudes, métadonnées, comportements… Et tout cela sous prétexte de “simplifier notre vie”. Simplifier, oui… mais surtout simplifier notre surveillance.
Car soyons honnêtes : ces appareils ne nous simplifient pas vraiment la vie, ils nous rendent dépendants. Chaque application, chaque service, chaque notification nous encourage à laisser nos données circuler librement, à confier notre intimité à des serveurs centralisés, à accepter la collecte massive comme un mal nécessaire. La commodité est devenue un piège confortable.
Contrairement aux idées reçues et aux titres sensationnalistes qui le diabolisent, GrapheneOS n’est pas réservé aux criminels. Il est conçu pour protéger tous les utilisateurs, en toute simplicité. Et là, ironie du sort : ceux qui l’accusent d’être “l’outil des narcotrafiquants” n’ont visiblement jamais essayé de l’installer.
Car niveau simplicité et efficacité, on ne fait pas mieux. Installer GrapheneOS, c’est reprendre la main sur vos données sans avoir besoin d’un diplôme en cybersécurité. Mais ce n’est pas tout. GrapheneOS prolonge également la durée de vie logicielle de votre téléphone. Un argument écologique, ça !
Les plus fervents défenseurs de la planète devraient applaudir des deux mains.
Et surtout, longue vie à GrapheneOS et à tous ceux qui refusent la surveillance généralisée. Je le dis haut et fort :
L’informatique est une arme à double tranchant :
Alors oui : dans un monde idéal, protéger sa vie privée serait considéré comme une évidence, pas comme une anomalie. On applaudirait ceux qui prennent leur sécurité au sérieux. Les journalistes cesseraient de confondre outils et criminels. Les États mettraient leur énergie à sécuriser leurs infrastructures plutôt qu’à forcer leurs citoyens à passer par Google pour prouver qu’ils existent.
Et puisqu’on en est aux vérités qui dérangent, terminons par celle-ci :
La vie privée n’est pas un refuge pour voyous. C’est un rempart contre les abus. Et ceux qui cherchent à la détruire sont bien plus dangereux que ceux qui cherchent à la préserver.
Si protéger vos données fait de vous un suspect, alors je vous souhaite d’être suspect toute votre vie. Parce que dans un monde où tout le monde baisse les bras, la moindre personne qui pense, qui s’informe, qui se défend… devient automatiquement subversive.
GrapheneOS n’est pas l’arme des criminels, c’est l’outil de ceux qui refusent de devenir des produits. Et finalement, la vraie question n’est pas “Pourquoi utiliser GrapheneOS ?” mais “Comment peut-on encore accepter d’utiliser autre chose ?”
Parce qu’au bout du compte, il ne s’agit pas seulement de téléphones, de paramètres, de chiffrement, de mises à jour ou de Google. Il s’agit d’un choix simple, presque trivial :
Et si vous doutez encore que l’affaire GrapheneOS dépasse le cadre technique, jetez un œil à ces prises de parole récentes du projet. Elles montrent bien que le sujet est désormais politique, social, civilisationnel :
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