Éco-conception web, vrais enjeux ou vaste fumisterie ?

Quels que soit les scénarios jusqu'en 2030, une grande tendance ressort : ce sont les terminaux qui représentent la plus grosse part de l'empreinte carbone du web (80% environ) et l'épuisement des ressources abiotiques (90%). Un état des lieux assez accablant pour les professionnels du web qui se réclament de l'éco-conception de sites internet. Pourtant, de nombreuses agences et de nombreux freelances ont une posture commerciale orientée vers l'éco-conception web. Alors ? vrai différence ou poudre aux yeux pour appâter le bobo ?
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Éco-conception web en chiffres 

La première fois que j’ai lu l’étude présentant la répartition de la consommation de ressources dans le web, j’ai eu envie d’arrêter de bosser sur Yama CMS Headless

Pourquoi me direz-vous ? Tout simplement car pour moi le point le plus important dans ma démarche de lobbying autour des sites statiques était l’aspect environnemental. Quand on voit la part que représente le côté développement et intégration (à peine 20%) c’est clairement décourageant.
Pourtant, j’ai rapidement fait quelques calculs pour me rassurer et ne pas tout envoyer balader. 

Si l’on considère qu’il existe actuellement 1.88 milliards de sites webs  dans le monde et que 44% de ces sites utilisent WordPress alors on peut dire que 827 millions de sites web pourraient bénéficier d’une refonte via un générateur de site statique (SSG).

Cependant on peut estimer que seule une partie de ces 827 millions pourraient être migrés (du fait de leur complexité ou du nombre très important de mises à jour de contenu chaque jour). Si l’on considère  (totalement arbitrairement) que seulement 600 millions qualifient pour une telle migration, alors la démarche prend alors un tout autre sens.

 

Choisir la bonne solution technique pour une éco-conception web cohérente de bout en bout

Comment faire pour convaincre 600 millions de propriétaires de sites web de migrer de WordPress vers un SSG ? Tout simplement en leur expliquant que si le contenu de leur site web n’est pas mis à jour qutidiennement (comme 90% des sites vitrines), alors il n’y a aucun intérêt pour eux à utiliser un CMS dynamique et encore moins WordPress… 

Quelle quantité de ressources serait économisée si ces 600 millions de sites étaient migrés vers un SSG et étaient refondus pour proposer les bonnes pratiques de base en matière de web design et d’intégration ? Impossible à dire car trop de facteurs entrent en jeu…  On peut simplement estimer que cela représenterait une économie non négligeable.

 

Alors l’éco-conception web ? Vrai sujet ou greenwashing ordinaire ?

Je fais partie de ceux qui pensent que chaque geste compte alors je serais tenté de dire que l’éco-conception web est un vrai sujet. Cependant il doit à mon sens prendre en compte en premier lieu le choix de l’outil technique, et là dessus toutes les solutions ne se valent pas. Privilégier les SSG me semble un pré requis indispensable. Du fait de leur conception, ils offrent des résultats bluffant et toutes les fonctionnalités dont on peut rêver pour un site vitrine, le tout avec une infrastructure minimaliste (serveur web + pages). Une fois le site en production, tous les contenus sont pré générés et plus aucune ressource liée à la navigation n’est consommée. C’est sur ce point que le SSG fera la différence sur le long terme.

Quid des agences qui proposent des webdesign éco-conçus sur des WordPress à 40% sur Page Speed ?  Et bien là , on est à mon sens sur ce que j’appelerai de la poudre aux yeux, tout simplement.  Aucun intérêt pour moi d’afficher un web design minimaliste sur une usine à gaz.
L’aspect webdesign /intégration est pour moi le dernier élément à considérer lorsque l’on parle d’éco-conception, oui il peut être important mais clairement pas autant que la plateforme technique à mon sens.  

 

En conclusion, l’éco-conception web a-t-elle un réel impact ? 

Oui et non. 
Oui car chaque geste compte et qu’utiliser un SSG, au delà des ressources économisé présente plein d’avantages intéressants (sécurité, performances, SEO, longévité…)
Et non car il me semble que la part que représente le developpement d’un site internet sur la “big picture” de l’empreinte carbone du web est assez anecdotique. Je pense que les efforts, pour être vraiment significatifs devraient être dirigés vers des terminaux plus robustes, durables et réparables… Quant à moi j’utilise de moins en moins l’argument de la sobriété numérique dans ma communication car il me semble de plus en plus désuet… C’est triste mais je me dit que j’aurais plus d’impact en commandant mon prochain téléphone sur Back Market…